En France, le rayon des bières sans alcool est de plus en plus large. L’offre était jusqu’à peu essentiellement composée de bières industrielles sans intérêt autre que d’étancher sa soif avec modération. Mais depuis quelques années, les brasseries artisanales elles aussi proposent leurs breuvages low-ABV (low Alcohol By Volume) et Alcohol-free.
En France, une consommation d’alcool divisée par 2,5 depuis 1960.
La tendance s’observe depuis plusieurs décennies : les Français boivent de moins en moins d’alcool. De 200 litres par an en moyenne par personne en 1960, la consommation, tous alcools confondus (vin, bière, spiritueux) est tombée à 80 litres en 2018.
Fini le temps des affiches où les bienfaits supposés de la bière s’affichent en grand. Cette évolution s’explique tout d’abord par la mise en place, depuis les années 90, de politiques publiques de lutte contre l’alcoolisme. La tendance aujourd’hui est aussi à une consommation plus responsable et plus saine pour le corps, avec une alimentation plus « healthy » et une consommation d’alcool plus raisonnable. Ce désintérêt croissant pour l’alcool profite évidemment aux boissons non-alcoolisées dont la part dans le budget boisson des Français est passée de 22,4% en 1960 à plus de 40% en 2018.
La bière sans alcool, longtemps considérée comme un simple produit de substitue destiné à un public ne pouvant pas boire d’alcool comme les femmes enceintes ou les personnes en situation d’alcoolo-dépendance est aujourd’hui un produit consommé par un public beaucoup plus large. Ce n’est plus un produit subit mais un réel choix fait par des consommateurs refusant de boire de l’alcool ou avec la volonté de diminuer sa consommation.
Mais attention, bière sans alcool ne signifie pas bière 0% !
Selon la législation française, une bière peut être appelée « sans alcool » en dessous de 1,2% de volume d’alcool. En Belgique ce taux descend à 0,5%. Ces bières peuvent donc contenir un très faible taux d’alcool et sont donc déconseillées aux personnes alcoolo-dépendante et aux femmes enceintes.
Bières Low ABV : Une vraie tendance
La bière sans alcool est née dans les années 20 pendant la Prohibition aux USA. A cette époque, l’alcool est interdit et les brasseurs américains ne peuvent produire que des bières à moins de 0,5% d’alcool.
Même si plusieurs bières sans alcool arrivent sur le marché français dans les années 70/80 avec la Buckler (1988) ou la Celta (1970) de la brasserie Goudale, il faut attendre le début du XXIème siècle pour voir ce style démocratisé. La « sans alcool » représente aujourd’hui environ 4 % du marché de la bière en France et atteint des sommets dans certains pays européens comme en Espagne, où 15% des bières consommées sont sans alcool !
Mais au-delà de l’intérêt du consommateur pour les bières sans alcool, on observe sur le marché de la « craft » une augmentation de l’offre des bières dites « Low-ABV », c’est-à-dire des bières à moins de 4%, comme les Session IPA ou les Berliner Weisse par exemple. Plusieurs exemples de Session IPA dans la métropole Lilloise : Celle de la brasserie Cambier à 4% ou la Diversion de chez Celestin à 3,4%.
Comment faire une bière sans alcool ?
Si les industriels usent de procédés très couteux d’élimination de l’alcool par évaporation ou filtrage après avoir brassé une bière classique, les brasseries artisanales doivent utiliser des process beaucoup moins onéreux pour proposer des références sans alcool.
« Plutôt que de désalcooliser la bière, nous cherchons à créer le moins d’alcool possible » nous explique Antoine Gobrecht, patron de la brasserie Gobrecht à Lille, qui vient de sortir la « 104 sans alcool », première bière artisanales sans alcool de la métropole Lilloise.
La brasserie Gobrecht a réussi le pari de la bière sans alcool aux jolis parfums d’IPA
« Nous effectuons pour cela un empatâge avec très peu de malt et à une température au delà de 70°C, ce qui privilégie la création de sucres non-fermentescibles. Nous utilisons également une levure créant peu d’alcool, utilisée en général pour des bières légères. Après un premier houblonnage pendant l’ébullition, nous procédons à un dry-hopping pendant la garde. Cette étape aura pour conséquence d’apporter beaucoup d’aromatique à la bière mais aussi de lui apporter plus de corps, plus de rondeur. Un côté trop aqueux est souvent le défaut d’une bière sans alcool ».
La première brasserie 100% sans alcool
La brasserie Big Drop Brewing à Ipswich en Angleterre, propose une gamme de bières très tendances : sour, ipa double dry-hopping ou encore milk stout ! Le tout conditionné en bouteille 33 ou canette alu avec un design moderne façon beer-geek ! Le point commun de toutes leurs références ? Moins de 0,5% de volume d’alcool ! Cela fait d’elle la première brasserie nouvelle génération exclusivement dédiée au sans-alcool.
Lire notre article sur le top 5 des bière sans alcool.
Sources :
https://theconversation.com/pourquoi-un-tel-engouement-pour-la-biere-sans-alcool-130339
https://www.lsa-conso.fr/la-biere-sans-alcool-grossit-sans-complexe,322601