Inconsciemment, la plupart des consommateurs diraient que le houblon fait partie intégrante de la composition de la bière depuis toujours. En réalité, l’usage de cette plante amérisante et aromatique dans cette boisson est systématique depuis le XVe siècle seulement. Au regard des 13 000 ans d’histoire de la bière, c’est peu. Explications.
Une boisson fermentée encore bien loin des houblons Citra ou Cascade.
La bière possède une histoire riche et passionnante. Si on est encore loin de tout connaître, on a en revanche la certitude que l’on brassait déjà des bières il y a 13 000 ans au sein du croissant fertile. Ou tout du moins, du pain liquide : puisque c’est à cela que pouvait ressembler certains ancêtres de la bière. En effet, les bières “antiques” étaient souvent constituées de morceaux. Par exemple, aux environs de -3 000 av. J.C, les sumériens consommaient un des ancêtres de la bière alors appelé Sikaru (qui veut dire pain liquide). tippmix k Cette boisson était dégustée à l’aide de pailles réalisées avec des tiges de roseaux. Ces dernières aidaient à filtrer / séparer le liquide du solide.
Dans ces préparations, savamment élaborées par des femmes, point de houblon mais on pouvait déjà retrouver de nombreux autres composants présents pour rendre la bière plus agréable à consommer. Citons les dattes, le miel ou encore la cannelle.
Autre boisson à base d’orge malté : le Zythum (vin d’orge). Ce dernier trouve sa place à cheval entre l’actuelle Egypte et la Palestine. Dans cette boisson, point de houblon non plus. Les locaux faisaient dorer un pain d’orge au feu de bois tout en veillant à ce que le cœur reste cru. Ensuite, ce pain était plongé dans une eau sucrée aromatisée à l’aide d’épices et de dattes. Ensuite, l’ensemble était piétiné afin d’obtenir une mélasse constituée de morceaux de pain et d’eau sucrée. Le tout fermenté à l’air libre puis filtré grossièrement avant d’entamer une conservation dans des jarres en terre cuite fermées à l’aide de bouchons d’argile.
Des préparations encore bien éloignées des célèbres plantes grimpantes vertes qui font l’âme des bières contemporaines.
L’apparition du houblon dans la cervoise.
Petit à petit, ces boissons fabriquées à l’aide d’orge se répandent en Europe. D’abord en Grèce avant d’atteindre la péninsule ibérique et le Nord de l’Europe durant le dernier millénaire avant notre ère. Nous disposons de bien plus d’éléments historiques à partir de l’essor de l’Empire Romain il y a environ 2 100 ans. Ce sont d’ailleurs les romains qui ont laissé le plus de traces concernant la consommation de la bière, ou plutôt de la cervoise (littéralement vin de Cérès, cette dernière étant la déesse romaine de l’agriculture), durant cette période. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne portaient pas un amour infaillible à ce produit qualifié de boisson barbare. gaminátor online
Ces barbares justement, qui ne sont autres que les Gaulois, les Saxons, les Burgondes ou les Vandales, produisaient de la cervoise qu’ils aromatisaient à l’aide de plantes diverses et variées. rabona kaszinó online C’est donc durant cette période que le houblon se retrouvera vraisemblablement pour la première fois dans ce qu’on pourrait qualifier de bière.
Mais l’usage qui en est fait n’a encore rien à voir avec l’utilisation actuelle. Le houblon n’est qu’une plante parmi d’autres qui vient agrémenter un liquide céréalier acide de mauvaise facture. Les plantes qui servent à rendre un peu plus buvable ces breuvages dépendent de la région de production. En Provence ce “bouquet garni” sera plus facilement constitué de lavande, de thym, de coriandre, de laurier ou de romarin tandis que dans l’actuelle Belgique il sera plutôt composé de racines diverses, de lésion des marais, de baies de genévrier ou justement de houblon que l’on trouve en abondance à l’état sauvage dans les bosquets.
Mais la présence de ce dernier est loin d’être une généralité. En tout, une soixantaine de plantes et épices différentes sont recensées dans les écrits des brasseurs partout en Europe.
Une plante périphérique devenue centrale.
Peu à peu, lors de l’arrivée du Moyen-Âge, la composition de ces bouquets garnis, vont prendre une importance considérable. Ces aromates de la bière vont d’abord trouver un nom : ce sera le Gruit (Gruut en flamand). Chaque territoire possède ses propres recettes et sa propre maison du Gruit. Elles servent à contrôler les compositions et à récolter les taxes importantes sur ces mélanges de végétaux. Ce processus va durer quelques siècles, jusqu’à la Renaissance. Effectivement, c’est au début du XVe siècle que Jean sans Peur, également connu sous l’appellation Jean Ier de Bourgogne, va œuvrer pour la généralisation du houblon dans la bière en créant “L’ordre du houblon” et en récompensant les paysans décidants de cultiver le cannabaceae.
Son fils, Philippe le Bon, contribuera également à l’arrivée du houblon dans la bière en imposant son utilisation auprès des brasseurs. C’est aussi à ce dernier que l’on doit pour la première fois l’utilisation à travers d’un de ses édits, du mot bière en français. Ces deux personnages historiques vont largement s’appuyer sur certains écrits de l’abbesse Hildegarde de Bingen, célèbre érudit germanique ayant dès la première moitié du XIIe siècle compilé d’importantes découvertes dans l’univers de l’herboristerie et de la botanique.
C’est elle qui découvrit notamment les propriétés antiseptiques du houblon. Elle écrivit par exemple : “L’amertume du houblon combat certaines fermentations nuisibles dans les boissons et permet de les conserver plus longtemps”.
Peu à peu, se rendant compte de l’amélioration du goût, les autres territoires adoptèrent la généralisation de l’usage du houblon dans la bière. Si on devait résumer les choses : la bière ça a toujours été des céréales, de l’eau et de la levure.
Cependant son quatrième ingrédient, devenu incontournable, n’a pas toujours fait partie du projet puisqu’il ne s’est généralisé que ces 600 dernières années. C’est très récent au regard des 13 000 ans d’existence du produit.
Le saviez-vous ? La région Hauts-de-France particulièrement impliquée dans la relation houblon / bière.
Plus haut, l’importance d’Hildegarde de Bingen était évoquée. Si ses découvertes sur le houblon sont évidemment remarquables et importantes, en réalité il aurait existé une exception bien avant elle et Jean sans Peur. En effet, les moines du monastère de Corbie, dans la Somme, se servaient massivement de houblon pour brasser leurs bières.
Des écrits stipulent que la culture du houblon y était abondante. Hasard ou évidence : les moines produisaient également de la bière. L’abbé Adelhard, en l’an 822, avait-il déjà compris les bienfaits et aspects positifs que représentait le houblon pour ses bières ? Nul ne le sait. Cependant, on peut avancer sans trop de risques que la trace la plus ancienne de la culture du houblon pour agrémenter la bière vient de la région Hauts-de-France.
Autre point, Jean sans Peur et son fils, Philippe le Bon, sont d’importants personnages historiques qui ont contribué à faire de la ville de Lille une cité prospère et également une des trois capitales des possessions des ducs de Bourgogne (aux côtés de Bruxelles et Dijon).
Et c’est dans la capitale des Flandres que ces deux illustres Ducs vont révolutionner la scène brassicole européenne en imposant l’usage du houblon, en développant la culture de cette plante et en créant l’ordre du houblon d’or.