La bière chaude, cela ressemble à un oxymore. Pourtant, à y regarder de plus près, boire de la bière chaude n’a rien d’une hérésie, ni historiquement, ni gustativement.
En 2022, quoi de plus naturel que d’ouvrir son frigo pour y prendre un yahourt, du fromage ou… une bière ? Un geste tellement anodin qu’on en oublierait presque que nous faisons partie d’une part infime de l’Humanité : celle qui a accès au froid industriel.
Bière chaude : une pratique longtemps subie !
Le froid industriel – c’est-à-dire le froid créé artificiellement par un processus industriel – est né dans la 2e moitié du XIXe siècle. Et non pour une utilisation de confort (boire une bière fraîche) mais pour une question de conservation des aliments. C’est notamment au français Ferdinand Carré (1824-1900), puis à l’Allemand Carl von Linde (1842-1934) qu’on doit les découvertes les plus significatives en matière de création de froid. Grâce à eux – et une poignée d’autres savants – on sait créer du froid sans avoir recours aux éléments naturels, comme l’utilisation de blocs de glace.
Bref, vous l’aurez compris : avant ces découvertes, en dehors des mois d’hiver, on boit la bière à température ambiante. Au mieux fraîche, bien souvent tiède, franchement chaude durant les mois d’été. Ne méprisons donc pas la bière chaude : ce serait insulter nos lointains ancêtres !
Bière chaude, boisson de contexte.
La bière chaude, c’est aussi celle qu’on retrouve en cuisine : dans les sauces notamment, ou les plats mijotés. Une soupe à la bière, une carbonnade flamande, un poulet ou un filet mignon à la bière. Ce ne sont ici que divers moyens d’apprécier de la bière chaude : la sucrosité et les notes caramélisés qu’elle apporte à ces plats sont franchement bienvenues, chacun en conviendra. Encore un point pour la bière chaude.
Et puis, il y a la bière chaude qu’on croisera tous au détour d’un marché de Noël. Cette cousine du vin chaud, qui en reprend les codes et en copie les charmes : cannelle, clous de girofle, agrumes pour aromatiser une bière qui mijote à feux doux, et se boit brûlante. Comme pour le vin, il s’agit ici d’un produit qui s’accompagne nécessairement d’un contexte. Une soirée d’hiver entre amis, un marché de Noël, un retour du ski avec les doigts gelés : la bière chaude comme boissons de réconfort ! Et ça marche !
Bière chaude et bière ferrée.
La bière chaude, pour les plus joueurs, cela peut aussi être la bière ferrée. Késako ? Il s’agit d’une méthode bien spéciale de préparation et de dégustation d’une bière. On plonge un tisonnier dans le feu, et lorsque celui-ci est très chaud, on le plonge dans une bière – généralement brune, servie avec peu de mousse. Résultat ? La chaleur va produire de la mousse chaude, qui surmontera alors votre bière fraîche. En bouche, un chaud-froid étonnant et savoureux !
Bref, un dernier conseil : revendez votre frigo.