Dans notre précédent article sur le sujet, nous avions évoqué l’histoire de la bière à Paris dans l’Antiquité, puis au Moyen-âge. Poursuivons notre exploration dans le temps de la Renaissance au XVIIIe siècle.
La bière à Paris : De la Renaissance à la Révolution Française
Entre la guerre de 100 ans et les massacres entre catholiques et protestants, la ville de Paris connaît une période de famine et de pauvreté qui rend la tâche difficile aux différentes corporations de métiers, dont celle des brasseurs.
Après l’arrivée du roi Henri IV à Paris, la capitale retrouve un dynamisme économique grâce à l’industrie de la soie, l’aménagement des berges de Seine et des places publiques, qui donnent envie aux Parisiens de festoyer. La bière devient de plus en plus populaire et complète le vin en période de Carême et lorsque les vendanges sont mauvaises.
On voit dans Paris s’ouvrir des nouvelles tavernes comme “Le Riche Laboureur” à la foire Saint-Germain, “Le Cygne” et “La Lamproie” au niveau du marché des Halles.
En 1608, même si Henri IV reconnaît le statut les brasseurs, certaines de leurs pratiques douteuses vont les couvrir d’une terrible réputation qui va entraîner des contrôles plus rigoureux et le durcissement de l’apprentissage qui devra désormais durer cinq ans.
Face à l’augmentation de la population, la pollution de la Seine, les frontières de Paris s’élargissent et les brasseurs inaugurent des quartiers autour de la Bièvre, sur la rive gauche. La rivière gelée en hiver procurait des blocs de glace utilisés dans les brasseries pour conserver la bière plus longtemps. Les catacombes et les puits creusés dans les sols calcaires du sud de Paris sont devenus des espaces de stockage parfaitement appropriés. Ainsi, au XVIIè siècle, 14 brasseries installées le long de la rue des Gobelins produiront de la délicieuse bière brune appelée aussi la bière des Gobelins.
La bière investit les faubourgs
Pourtant, dans les autres faubourgs qui entourent la ville, la misère commence à se faire sentir et à l’aube de la Révolution, la Grande Encyclopédie des philosophes Diderot et d’Alembert propose une vulgarisation du métier de brasseur “à la façon de Paris” même si à l’époque les bières de Lille, Nancy et même de Lyon ont déjà une meilleure renommée nationale.
Dans un contexte de crise sociale, les brasseurs des faubourgs jouent un rôle important, puisqu’ils partagent les revendications des habitants et organisent des distributions de repas et de bière pour les plus misérables. En 1791, la corporation des brasseurs connaît une nouvelle attaque via une loi qui supprime et interdit toute association professionnelle. Cela permet à n’importe qui de brasser de la bière dans les abbayes abandonnées, ce qui entraîne une baisse de la qualité.
Au tournant du XIXème siècle, beaucoup de brasseries mettent la clé sous la porte. Les brasseurs s’orientant vers des métiers plus sécurisés puisque les parisiens dépensent toujours plus pour le vin que pour la bière.
Il faudra attendre l’invasion de Paris par les Prussiens et les premières prouesses de l’ère industrielle pour que la scène brassicole reprenne du poil de la bête.